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Mme Claire Marsolais

Mme Claire Marsolais - Texte original de 2004

Elle ne fait pas son âge me direz-vous et je me garderai bien de vous le dire, craignant ne pas recevoir son absolution. Cependant à St-Roch l’Achigan, par un beau jour d’été entre les 24 et 26 juin, arrive cette enfant à l’esprit vif et clair que l’on surnommera Claire. C’était entre les années 1920 et 1922, alors que frère Jacques arrive 3 ans plus tard.

Luc Henri son père, lui lègue rapidement son sens de commerce et des affaires, alors que sa mère Hélène Lamarche, lui transmet son sens de la famille et son côté jovial.

Jeune enfant, élevée sur une ferme, ses parents lui font compléter ses études chez les Sœurs Jésus Marie.  Elle fait parallèlement des études musicales avec Jeanne Jubinville Pilon, ce qui deviendra une tradition chez ses 3 enfants.  Une époque où le piano est le roi du salon.  Elle continue par la suite son apprentissage culinaire et autres travaux ménagers avec sa mère en attendant son « Roméo » au bord du ruisseau.

Il arrive un jour de St-Alexis de Montcalm, en voiture avec son cheval et son chapeau à large bord.  Il s’appelle Rodolphe Marsolais, vient d’une famille pieuse et religieuse et chante comme un rossignol.

Le dimanche après-midi est consacré à la musique avec les cousines Françoise et Solange, le cousin Roméo et Jacques qui n’en manque pas une pour taquiner le futur beau-frère.

Roméo étant plus vieux que Juliette, la distance et le cheval qui n’en peut plus, la demande en mariage ne tarde point : le « oui » l’emporte le 16 septembre 1944.  La p’tite ligne de St-Alexis et le rang Rivière nord de St-Roch unissent leurs voies et leurs voix.

Voyage de noces raté à New York, guerre éminente à leurs portes, boulangerie archivée de comptes recevables à St-Alexis, seraient-ils nés pour un p’tit pain?

Éclairés par le St-Esprit, ils achètent l’épicerie de dame Lafortune en 1950 et la conserve jusqu’à 1980.  Nouvelle paroisse, nouveau métier, l’entreprise fait des petits et le nouveau couple aussi : Stella en 1945 et Danielle en 1949.  Pendant ce temps, Jacques devient aussi épicier et introduit une autre musicienne dans la famille : Aline Pilon.

Précurseur de la femme moderne, Claire assume tour à tour les rôles d’épouse, de mère, de commerçante, de cuisinière, de blanchisseuse et d’éducatrice.  Entre les pratiques de chant avec notre père, les cours de bible, les réceptions familiales et amicales, les messes matinales du Carême, les visites aux oncles et tantes maintenant âgés, Claire et Rodolphe se donnent un fils en 1957 : il se nomme Michel.    

Très tôt le petit est aimé et convoité.  A peine âgé de 4 mois, il monte sur les planches pour incarner le rôle du petit Jésus au Couvent des Sœurs Ste Anne.

Les années passent et tour à tour les enfants sont dirigés vers différents collèges où ils poursuivent études scolaires et musicales.  Étant tous pensionnaires, le couple se retrouve seul en semaine mais la maison reprend vie les jours de congé, puisque les amis ne manquent pas une occasion de venir goûter à notre vie familiale et aux bons petits plats de notre mère. « Elle est et sera toujours considérée comme un cordon bleu exceptionnel.»

L’enfance et l’adolescence des enfants ainsi que l’évolution du commerce l’incitent à garder sur feu doux son « bouillon de culture » et son besoin d’améliorer la condition féminine.  Dès que l’occasion se présente, elle joint de mouvement de l’AFEAS.  Quelques années et elle devient la présidente en 1973.  Conférences de toute sorte, cours d’art culinaire, de tissage et de couture remplissent bien les soirées pendant que les voyages d’un jour ajoutent au plaisir et à la culture.  Le membership passe à 173 membres.  Secondée par son bras droit en cuisine, madame Rhéa Chaput, elles offrent, dans le but d’augmenter les revenus de l’association, les services de mini buffet pour différentes occasions.  Le succès ne tarde pas et les sandwichs de l’AFEAS font tout un tabac.

Pour célébrer le 30ième anniversaire de l’association en 1974, elle pilote un projet tout particulier : convaincre, corriger et colliger toutes les 300 meilleures recettes des membres pour en éditer un livre.  La réalisation se concrétise et « Chacune son grain de Sel » en est aujourd’hui à sa 10ième édition.  Les recettes de nos spiritaines traversent même l’Atlantique et le Pacifique et deviennent un modèle pour les autres associations.

Fidèle à ses convictions d’améliorer la qualité de vie des gens de St-Esprit, elle commence dès l’année suivante à mettre sur pied une bibliothèque à l’École Dominique Savio.  On ramasse les livres donnés et on les classe, on achète quelques bouquins à partir d’une caisse plutôt anémique et on attend les transferts de la bibliothèque centrale.  Pendant un bon moment on fait la sourde oreille aux demandes de subventions, mais les bénévoles à partir de leur travail généreux et constant, arrivent à convaincre enfants et adultes à fréquenter ce haut lieu de connaissance et de culture.

Puis les cordons de la bourse municipale se délient, le nombre de membres augmente et l’intérêt aussi, si bien qu’en 1980, on procède à l’inauguration de la bibliothèque Alice Parizeau. Aujourd’hui, ce bien collectif est complètement informatisé et continue dans ce même esprit de bénévolat.

Pendant toute cette période où nous l’épaulons dans ses démarches, elle continue à nous prêter une oreille attentive, à rire avec nous, à cuisiner des petits riens qui deviennent des repas magiques.  Ses gendres l’adoptent et c’est à se demander s’ils ne préfèrent pas la mère à la fille.

En moins de 3 ans, elle perd 3 êtres chers, mais depuis, ses 3 enfants l’aiment 3 fois plus.  S’est ajoutée à la famille, un petit caniche du nom de Pivoine, dont elle a obtenu la garde partagée.  Qui l’eût cru, notre mère en train de communiquer son amour à la race canine tant à l’heure des repas que pour les petits besoins particuliers.  Toutes deux disciplinées, elles s’imposent de longues marches quotidiennes.

Un petit défaut peut-être?  Elle réussit difficilement à fermer complètement ses portes d’armoire : mais n’est-ce pas là un trait de caractère, puisque ses portes sont toujours ouvertes à quiconque veut lui dire un bonjour et partager avec elle un bon moment.

Nous sommes fiers de toi, madame Claire notre mère, et espérons que selon notre code génétique, tu coucheras tes mémoires sur papier, avant que d’éteindre les bougies de tes 120 ans.


Stella Marsolais


Bravo également à ce projet du conseil municipal, qui a décidé de souligner l’apport de certaines gens qui ont contribué à améliorer ce merveilleux coin de pays qu’est Saint-Esprit.